L’approche narrative

Comment créer un chemin de vie dans lequel les problèmes sont éloignés ou diminués et sur lequel chacun de nos pas nous rapproche d’une destination correspondant davantage à nos préférences ? Beaucoup d’outils utilisés dans mes suivis proviennent de l’approche narrative. Je vous invite à découvrir cette approche ci-dessous.

En approche narrative, on dit que « Le problème est le problème, la personne n’est pas le problème. » (Michaël White). Ainsi, on considère le problème comme étant à l’extérieur de soi. Comme il est à l’extérieur, on peut le nommer comme, par exemple, « inquiétude » ou « stress ». Nous pouvons aussi explorer ses effets, nous positionner face à lui et décider de la relation que nous souhaitons avoir avec lui : Quels sont les effets de « stress » sur ma vie ? Suis-je d’accord ou non avec ces effets ? Est-ce que je veux dompter, éduquer, apprivoiser ou éloigner « stress » lorsqu’il se présente ? Considérer le problème comme étant extérieur à soi offre davantage de marge de manœuvre pour agir face à lui.

Lorsque « inquiétude » ou « stress » prennent toute la place et envahissent plusieurs domaines de notre existence, il peut être utile de rechercher dans notre vie des expériences représentant des fines traces d’autres récits possible que cet envahissement comme des expériences dans lesquelles ils sont moins présents ou domptés. En approche narrative, on considère que « la carte ne fait pas le territoire » ; dans nos façons de voir et d’interpréter ce que nous vivons, il y a toutes sortes d’expériences qui n’ont pas été inclues. Nous pourrions appeler ces expériences s’écartant du récit principal des « moments d’exception ». En explorant ce qui est commun à ces moments d’exception – en termes de valeurs, d’intentions, de talents… -, des histoires alternatives au récit principal peuvent se construire.

Michaël White grandit en Australie entre la fin des années 40’ et les années 60’. Il est précocement interpelé par la question des inégalités ; le souci de contribuer à la justice sociale demeurera une constante au fil de ses travaux. Après le collège, il exerce différents « petits » boulots. Dans les années 70’, il étudie pour devenir intervenant social tout en travaillant (probation, protection sociale, hôpital pour enfants). Par la suite, il se forme en approche systémique et débute des consultations indépendantes.

De son côté, David Epston grandit au Canada. Il s’installe en Nouvelle-Zélande à la fin des années 60’. Il mène des études en anthropologie, en développement communautaire et en études sociales appliquées. Puis, il travaille en tant qu’intervenant social et, par la suite, comme thérapeute familial.

Michaël White et David Epston se rencontrent en 1981 lors d’un congrès australien de thérapie familiale. Par la suite, ils se réunissent souvent menant des consultations conjointes et partageant leurs idées concernant de nouvelles interventions tout en nouant une solide amitié. En 1983, Michaël White fonde le Dulwich Centre à Adélaïde ; un lieu permettant de poursuivre le développement d’idées créatives pour accompagner les gens.

En 1990, ils publient Narrative means to therapeutic ends, un article qui diffuse largement pour la première fois les principales idées de l’approche narrative. En 2004, une première formation en approche narrative avec Michaël White se déroule en France ce qui donne l’impulsion à un essor de cette pratique dans notre contexte. En 2018, la Fédération francophone des pratiques narratives est constituée.

Certains changements mènent à des transitions ; les personnes quittent une situation habituelle et passent par une période d’entre-deux jusqu’à ce qu’elles atteignent une nouvelle situation. Les interventions pour accompagner les personnes en transition sont un élément important de la pratique narrative et des soins infirmiers. Ces interventions ont été développées à partir de ce que les gens ont transmis aux personnes les accompagnant concernant leurs expériences des transitions. Elles ont aussi été alimentées par des travaux issus de l’anthropologie sur les rites de passages comme ceux d’Arnold Van Gennep et de Victor Turner.